Depuis quelques mois aux USA, la campagne en faveur d’une hausse du salaire minimum à $ 15 fait rage et le mouvement #FightFor15 fait des émules dans l’ensemble du pays en gagnant chaque jour un peu plus de terrain. Selon l’un des derniers sondages datant du 28 au 31 mai, 6 Américains sur 10 pensent que le gouvernement devrait oeuvrer davantage afin de réduire les inégalités entre les riches et les pauvres. L’augmentation du salaire minimum peut-elle pallier les inégalités ?
L’augmentation du salaire minimum, les villes pionnières et les autres
L’enquête du New York Times-CBS vs de mai dernier révélait que seuls 7 Américains sur 10 étaient en faveur d’une augmentation du salaire minimum fédéral de $7,25 à $ 10,10 de l’heure. Ce qui reviendrait à un niveau équivalent au SMIC français actuel à 9,60 euros. Si aux USA, le salaire minimum fédéral représente un plancher, les les villes et Etats ont la possibilité de l’augmenter au-delà de ce plancher. Aujourd’hui, la campagne populaire, #FightFor15 fait rage à travers tous les USA et demande le passage du salaire minimum à $ 15 de l‘heure. Toutefois, une majorité d’Américains trouvent ce salaire minimum trop élevé. Ces 15 dollars équivalent à 13,30 euros, soit bien plus que notre SMIC français qui est l’un des plus élevés au monde.
San Francisco, New York City puis Los Angeles ont voté avec enthousiasme ce passage au salaire minimum à $15. Il faudra toutefois attendre 2020 avant que ce dernier ne passe effectivement à cette somme (l’augmentation progressive du salaire minimum se fera en effet par paliers ). Par ailleurs, d’autres villes du territoire clament leur récalcitrance là ou la campagne # FightFor 15 semble faire moins de bruit qu’ailleurs.
L’augmentation du salaire minimum réduit-elle les inégalités ?
Si grâce à la campagne lancée par #FightFor15, les salaires les moins bien payés augmentent aux USA, le salaire minimum contribuera certainement à réduire les inégalités dans certains secteurs où la main d’oeuvre est bon marché et peu qualifiée. Avec de meilleurs revenus, les employés seront probablement plus satisfaits au travail et le turn-over constant de certains emplois précaires se raréfiera. Cette augmentation du salaire minimum pourrait être aussi positive pour les employeurs puisque leur masse salariale se verrait consolidée et la motivation des employés confirmée. Pourtant, comme le souligne le professeur d’économie Iona Marinescu de l’Université de Chicago, si « le salaire minimum peut donc être un outil efficace pour lutter contre les inégalités aux Etats-Unis, il reste toutefois limité «. Le professeur de la Harris school nous explique en effet qu’ » un salaire minimum trop élevé finit par diminuer l’emploi. Ensuite, il n’atteint pas forcément les plus pauvres, puisqu’ils sont souvent au chômage. Une politique de réduction des inégalités nécessite une panoplie de mesures au delà du salaire minimum, et notamment un impôt plus progressif sur le revenu. Mais l’augmentation des impôts ressemble à un sujet tabou aux Etats-Unis».
Il faudra peut-être se satisfaire du salaire minimum, un outil réconfortant et déjà un grand pas social dans bien des Etats…