Un peu plus de six mois avant de lancer son vol direct Paris-Los Angeles, Laurent Magnin, le directeur d’XL Airways se confie à MyFrenchCity sur le succès de la compagnie aérienne outre-Atlantique.
@Alain Ernoult
Pourquoi XL Airways a décidé de lancer un vol direct Paris-Los Angeles en 2016 ?
» C’était la suite logique. Nous n’avons pas encore rencontré l’échec depuis le début à New York. La seule chose que nous avons arrêté c’est la ligne Paris-Las Vegas dont la profitabilité n’était pas à la hauteur. Il y avait beaucoup de réservations sur Las Vegas comme ville d’arrivée mais pas de départ. Pour la Californie, les Français sont complètement polarisés sur une arrivée à Los Angeles et un retour depuis San Francisco, aéroport duquel certains de nos avions partent également. Cette manière de voyager des Français a été découverte par les Américains. A Los Angeles, cela va bouger très vite : l’Etat de Californie est aussi riche que certains pays européens, il y a des opportunités. Les chiffres de l’émigration sont encore plus élevés que l’année dernière : il est vraiment en train de se passer quelque chose entre les USA et la France et ce qui manque ce sont des vols point à point. Enfin, avec cette ligne, nous allons boucler les quatre grandes villes connues des Français aux USA : New York, Miami et San Francisco. «
De toutes les villes américaines que vos avions desservent, quelle est celle qui pèse le plus dans vos bénéfices ?
Le tourisme c’est le fer de lance des ouverture de lignes d’XL Airways. New York est évidemment la destination la plus importante : c’est la première desserte long courrier de la planète entre l’Europe et les USA. La ligne draine plusieurs millions de passagers annuels. Au quotidien entre avril et mi-novembre, les vols enregistrent près de 150 000 clients. A la basse saison, pendant les mois de janvier et février, l’offre est supérieure à la demande. On reste pour l’instant sur un vol saisonnier qui s’arrête fin novembre et reprend vraiment début avril, avec une petite exception pour les vacances de Noël. Mais sur les trois premiers mois de l’année, la demande est faible et je ne veux pas prendre de risque inconsidéré en faisant des vols avec moins 50% de gens à bord. New York, c’est vraiment le ticket d’entrée aux USA.
Pourquoi ?
Pour une grande partie de nos concitoyens, face à la dégradation de la situation géopolitique et de la sécurité et un état de quasi-conflit dans de nombreux pays du monde, il y a un rétrécissement des offres de destinations où les gens peuvent se sentir bien. J’appelle cela la notion du « safe concept » : c’est-à -dire voyager en famille dans un pays où la notion du risque ne m’atteint pas et ne peut pas m’atteindre. Il y a donc eu un effondrement du tourisme sur les destinations autour de la Méditerranée et une augmentation sur les USA avec New York comme porte d’entrée pour les Européens. Dans le même temps, l’Amérique prend conscience de son gigantesque potentiel touristique. Un peu comme la France avant l’arrivée de Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères. En effet, longtemps les USA ont dormi sur leur potentiel touristique. Par ailleurs, notre vol NY-Paris enregistre 50% d’Américains à bord, ce qui est un exploit pour une compagnie française. Sur le plan touristique, offrir des destinations françaises depuis les USA est d’une importance stratégique pour l’avenir d’XL Airways.
Quelle est votre approche du voyage d’affaires ?
A New York, où j’y étais le 14 octobre dernier, j’ai senti une vraie énergie. J’ai été frappé de voir des dirigeants de startups de 20 à 30 ans, qui sortent du système de protection sociale en France, démarrent une activité et n’ont plus envie de rentrer. Il y a deux formes de voyages business : ceux où les grandes entreprises paient leurs salariés pour voyager et les entrepreneurs à la tête de PME ou PMI pour qui la notion d’économie sur le billet d’avion devient fondamentale à chaque voyage d’affaires. 5 ans après avoir lancé notre ligne Paris-New York, on s’aperçoit que l’on attire des jeunes entreprises et startups qui n’ont pas l’intention de mettre 5000 euros dans un siège en classe business. On répond à la diminution de la catégorie de la classe business en offrant la flexibilité à un entrepreneur qui doit faire des aller-retours aux USA, et notamment NY avec trois vols par semaine. Ce type de transports à bas coûts leur permettent de rester en lien avec leurs proches car un billet à 500 euros aller/retour leur laisse la possibilité de faire le déplacement. Pour les vols vers Miami, San Francisco, et Los Angeles en 2016, nous avons aussi des classes premium à l’avant de l’avion. XL Airways est vraiment complémentaire avec d’autres compagnies qui font du trafic business.
Quid de lignes vers des villes américaines moins connues ?
Il faut qu’il y ait d’abord une clientèle. Boston, Washington D.C., etc. il y a un tas de villes aux USA où l’on retrouve de plus en plus de vols point à point avec la France. Faire une correspondance crée toujours un vrai stress car il faut changer d’avion dans l’aéroport. Le phénomène des vols directs amène de nouveaux clients : c’est la clé du succès de New York. Beaucoup d’Américains ne connaissent pas la France. Il faut faire de notre pays le premier pays touristique du monde. Sans faire grande-chose, la France enregistre déjà 85 millions d’entrées touristiques. J’ai la conviction que notre pays va exploser sur ce plan.
En 2012, vous aviez ouvert un vol saisonnier depuis la province avec la ligne Marseille-New York abandonnée depuis le début de l’année 2015. Quel est votre bilan ?
L’expérience à Marseille a été concluante mais nous faisions face à une problématique : les dessertes en province sont complexes à mettre en place en France. J’ai le projet de revenir à la conquête de la province dans 24 mois pour continuer à faire fonctionner notre business modèle, le vol point à point sans forcément passer par Paris. L’étape suivante, ce sera d’aller plus loin aux USA.