Manager est un art et de nombreuses théories au sujet du management ont fleuri dans les librairies spécialisées ces dernières années. Mais quelles sont les différences de management entre la France et les USA ? écoutons notre expert…
Le salarié américain: un management de proximité
Salarié américain et salarié français ne partagent pas les mêmes codes
Notre expert des Ressources humaines, exerçant à Miami, souligne les traits d’une éducation mettant l’accent sur l’estime de soi .
«Aux USA, l’individu naît dans un environnement où il est très stimulé, récompensé dès son plus jeune âge. Devenu grand, il aura besoin d’être sans cesse entouré et reconnu».
Selon ce dernier, un jeune américain recruté et devenu salarié, ne partagera pas les mêmes codes qu’un jeune européen. Par conséquent, le jeune salarié américain ne comprendra pas qu’un manager ne lui adresse pas attention, écoute, encouragements ou louanges.
Salarié américain et salarié français ne partagent pas les mêmes codes
Pour répondre aux attentes managériales de cette nouvelle génération, le manager européen devra déployer une «énergie colossale» et accompagner le salarié au quotidien.
«Manager à l’américaine, c’est beaucoup d’énergie, de passion, d’enthousiasme.»souligne Cédric Postel-Vinay, DRH au Club Med.
Notons à ce propos que toutes les grandes théories du management depuis 20 ans viennent des Etats-Unis.
«Ici, le salarié exigera beaucoup de son manager en termes de transparence, de motivation, de temps passé avec lui, il a besoin de sentir une réelle proximité» rappelle notre expert.
Manager la Génération Y
Notre expert constate, à l’instar des sociologues, que la «Génération Y «est celle du «zapping». Selon lui, arriver à retenir des jeunes dans une entreprise plus de 2-3 ans, dans une région de plein emploi comme l’est la Floride, est une tâche ardue.
Le management est par conséquent un levier important qui permet d’éviter un turn over trop récurrent des salariés.
«J’ai la ferme conviction que le salaire n’est pas la première cause de fidélisation salariale.
L’essentiel réside dans la qualité managériale et dans la capacité du salarié à être développé, formé.»
Afin d’accompagner, de motiver et de retenir de jeunes salariés, il est donc essentiel de compter sur de bons managers prêts à aimanter et fédérer cette nouvelle génération.
Se séparer d’un salarié
Se séparer d’un salarié est une décision douloureuse dont la pratique variera aux USA d’un état à l’autre.
Si un courrier expliquant la cause est toujours préférable (même dans un état où le contrat oral peut suffire), «il est préférable de l’accompagner d’un véritable argumentaire écrit lorsque l’on se sépare d’un salarié «, nous conseille notre expert.
Aux USA, cette trace écrite argumentée est particulièrement importante, surtout si le salarié se retourne contre l’entreprise.
De plus, notre expert nous met en garde contre tout type de discrimination au moment de la séparation. Qu’elle provienne de l’âge, du sexe ou de l’origine ethnique ou des trois éléments conjugués, le salarié sera particulièrement protégé et le manager doit tenir compte de cette réalité juridique et sociologique au moment de la négociation de départ.
« La séparation d’une personne faisant partie des catégories protégées doit se faire avec beaucoup de précaution» conseille notre expert.
Gérer la mixité culturelle
Paradoxe d’un monde global aux frontières étanches pour le travail
Les Etats-Unis et a fortiori la Floride sont des territoires métissés où la mixité culturelle est un trait dominant du paysage social.
En Floride, deux grandes communautés coexistent et interagissent: les anglo-saxons et les hispaniques.
Le manager doit s’adapter à cette interculturalité dont les traditions de management diffèrent.
« Dans un monde global et même si le monde se ferme- notons qu’il y a plus de 40 000 km2 de murs et de frontières en plus ces dernières années dans le monde- les frontières sont de plus en plus étanches au travail».
Un monde qui se globalise donc mais dont l’étanchéité des frontières contraint la mobilité des travailleurs.
«S’il y a 10 ans, n’importe quelle personne d’un pays occidental pouvait se déplacer librement de part le monde, s’implanter et travailler dans différents pays, aujourd’hui la donne a bien changé.
Les pays émergents se sont structurés au niveau légal et le droit du travail s’est globalement durci. Les mobilités internationales s’amenuisent donc en faveur d’employés locaux».
Les nouvelles technologies au service de l’interculturalité ?
Paradoxalement, la globalisation et les nouvelles technologies nous ont amenés à travailler dans l’interculturalité dans une structure matricielle managée par une seule et unique personne.
Les rapports sociaux ont donc évolué vers un nouveau type de management interplanétaire.
Transmettre les valeurs de l’entreprise au salarié
L’image employeur a bien évolué ces dernières années et aux USA comme en France, elle ne semble plus être un vecteur d’attractivité pour la nouvelle génération.
Cédric Postel-Vinay souligne que la valeur employeur est aujourd’hui quelque peu galvaudée.
«On n’attire plus aujourd’hui des jeunes grâce à des valeurs mais on les retient avec celles-ci. Les valeurs dorénavant ne doivent pas être affichées mais vécues.»
Le manager devra faire vivre ces valeurs, ce patrimoine culturel commun qu’est l’image employeur, afin que les employés aient un sentiment d’appartenance à une communauté.
Manager est tout un art d’adaptabilité en fonction du pays d’implantation, de ses traditions managériales, de la génération visée mais aussi des valeurs véhiculées.
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